Et si performance ne rimait pas avec souffrance ?
Le monde actuel nous demande une agilité toujours plus importante pour rester dans le cycle de la performance … un peu comme s’il fallait en permanence pouvoir s’adapter pour ne pas disparaitre.
Ce qui prenait auparavant des siècles, voire des millénaires, en terme d’adaptation des espèces ou des manières d’être, demande aujourd’hui une réactivité et une adaptabilité quasi immédiate. Et nous n’y pouvons pas grand-chose, le monde est comme cela.
Alors on demande à l’humain de développer toujours plus de capacités d’adaptation, de pouvoir faire comme ça aujourd’hui et autrement demain, d’utiliser ce protocole un jour et de le modifier quelques jours après, d’être en veille et en vigilance 24h/24 et 7j/7 … on l’équipe pour cela d’outils numériques … on lui demande presque d’avoir trouvé avant même d’avoir cherché !
Le problème de cette quête de l’adaptabilité permanente en vue d’améliorer la performance et la compétitivité, l’humain n’y est bien souvent pas préparé. C’est encore plus criant dans le monde du travail où l’on retrouve sur le bord de la route toutes celles et ceux que le système n’a pas eu le temps de prendre en charge et qui n’y sont pas arrivés seuls.
Il y aurait un grand besoin de formation et d’accompagnement dans ce domaine, mais les entreprises n’ont parfois ni les moyens, ni le temps d’investir dans cette direction. C’est peut-être un manque qui pourrait être corrigé, amélioré.
Je me dis souvent qu’aucun grand coureur, aussi athlétique qu’il soit, ne se lance dans un marathon sans des mois d’efforts et de préparation. De même, aucun alpiniste ne se lance dans l’ascension d’un sommet himalayen sans des années de préparation physique et mentale, et il en va de même des marins en solitaire et des forces spéciales de nos armées ou des astronautes qui tous doivent développer des capacités extraordinaires pour des performance toujours plus vertigineuses.
A une échelle plus petite, chacun dans son travail, devra demain pouvoir faire cette préparation physique et surtout mentale pour être prêt, pour être agile, pour être vigilant et réactif. Si dans sa tête le salarié a pu se préparer, s’il a intégré cette dimension inévitable aujourd’hui, si il a pu mettre en regard cette attente que son employeur a envers lui et ses propres capacités, alors il aura eu le temps de développer à sa manière ses propres formes de résistances au stress et à la fatigue, il aura développé les outils nécessaires à la réalisation de ses objectifs … et plus que ça encore il aura trouvé du sens à son effort. Ce n’est que si ce chemin a pu être parcouru en amont que la souffrance sera réduite à son minima acceptable et ne sera plus vue comme ce fardeau contre lequel il faut mobiliser toute son énergie pour en venir à bout.
Un salarié qui, parce qu’il ne serait pas entré dans cette dynamique seul ou en y étant aidé et accompagné, ne pourra jamais s’affranchir de cette souffrance.
Il y a urgence dans les collectifs de travail, à donner du sens aux actions attendues, à préparer les esprits et les corps au changement, à aider les personnes qui y travaillent à intégrer cette notion qu’elles sont co-auteurs de leur condition de travail.
Alors oui PERFORMANCE peut ne pas rimer systématiquement avec SOUFFRANCE … la Médiation peut-être un bon moyen de remettre le train sur les rails, de redonner du sens et de parvenir à la réalisation des objectifs.